Retour sur un projet d’innovation hors normes.
Historique des éoliennes en bois
Tout commence en 2006, année où les permis de construire des 7 éoliennes d’Essey-les-Ponts sont déposés. Il faudra attendre 8 ans pour obtenir ces premiers permis.
En 2014, InnoVent émet pour la première fois l’idée de construire des mâts en bois au préfet d’alors qui souhaite créer le premier parc national forestier de Haute-Marne, qui ne s’y oppose pas.
En 2016 nous présentons notre demande de permis de construire modificatif avec des mâts en bois. A noter que le design était à l’époque tout en bois.
En 2017, ce permis modificatif est accepté sans recours avec le soutien de la préfète de l’époque. Plus tard dans l’année, le design de la tour est revu dans sa totalité car nous nous rendons compte des faiblesses du premier prototype et nous scindons le parc en deux : 4 éoliennes d’un côté et 3 éoliennes de l’autre.
En 2018, les travaux débutent et nous exposons à la DREAL notre volonté de faire un parc en tout acier et l’autre en hybride bois-acier. La Préfète Mme Souliman est remplacée par la Préfète Mme de Giovanni. En fin d’année, nous obtenons l’accord pour le parc tout acier et commençons la construction de celui-ci. A partir de ce moment s’ensuit une bataille juridique entre InnoVent et la Préfecture de la Haute-Marne qui s’oppose fermement à la construction des mâts hybrides bois-acier, qui nécessitent pourtant 8 fois moins de béton dans les fondations et qui sont construits en France avec du bois français.
Le 19 janvier 2021, la Cour administrative d’appel de Nancy rend une décision historique qui marque un tournant dans la jurisprudence éolienne. Elle suspend l’arrêté qui interdit les mâts hybrides en invoquant l’urgence climatique et reconnait la contribution du projet « à la lutte contre la pollution et contre le réchauffement ». La construction reprend donc avec l’installation des deux premières éoliennes en bois.
Si vous souhaitez en savoir davantage sur nos deux premières éoliennes en bois, consultez nos articles précédents
Les éoliennes hybrides bois/acier : une première mondiale portée par InnoVent • Innovent
2e mât en bois : InnoVent dépasse le stade de prototype ! • Innovent
La 3e éolienne en bois
Pour cette 3e éolienne en bois, la conception des pièces d’assemblage et la méthode d’assemblage diffèrent des deux précédentes, nous n’avons donc pas pu reprendre la même méthodologie et améliorer les process. Par exemple, pour les deux premières, l’assemblage au sol était plus difficile mais le levage plus aisé que celle-ci. Ici, il a donc fallu inventer des systèmes de levage, ce qui nous a fait perdre du temps sur le planning établi. Mais une fois les pièces de levage créées, le levage a été facilité.
La principale différence entre les deux structures ? Pour les deux premières, des pièces en métal étaient brochées dans le bois à l’extrémité des poutres pour les faire tenir les unes aux autres. Le nouveau système intègre des goujons scellés dans le bois. En plus d’être encore plus solide, il ne suffit que d’une dizaine de goujons au lieu d’une centaine de broches. Ce système a été breveté par JPF-Ducret, l’entreprise que nous avons sélectionnée pour la réalisation de ce 3e mât.
Avantages et inconvénients des éoliennes en bois
Les avantages des mâts hybrides bois-acier sont nombreux.
Tout d’abord d’un point de vue écologique les éoliennes en bois permettent de diviser par huit les quantités de béton et par deux les quantités d’acier par rapport à des éoliennes classiques, sans oublier le recours au bois qui a stocké du CO2 pendant sa croissance, ce qui permet au total de diviser par deux les émissions de CO2.
D’un point de vue logistique, la livraison est plus aisée car il s’agit de plusieurs petits éléments. L’installation est donc facilitée dans les zones difficiles d’accès.
Enfin, il s’agit également d’une ressource locale, qui fait travailler davantage d’entreprises françaises que les éoliennes classiques. Comme il y a beaucoup de bois dans l’est de la France, il est intéressant de faire travailler les filières locales. D’ailleurs, ce mât est en partie composé de sapin de Douglas, qui a notamment l’intérêt de résister aux intempéries sans traitement particulier.
En revanche, le temps de montage est plus long, et ce projet étant le premier de son genre, il y a eu des tâtonnements, mais qui seront optimisables par la suite.
Concernant le coût, cette solution étant encore au stade de prototype elle est pour le moment plus chère qu’une éolienne classique. Toutefois, le procédé commence à devenir intéressant pour des tours plus grandes. En effet, pour les mâts tubulaires classiques, la quantité d’acier requise n’est pas linéaire : plus la tour est grande, plus il faut mettre d’acier, ce qui coûte de plus en plus cher (en plus d’avoir un impact de plus en plus fort sur l’environnement). Grâce à la géométrie de la tour, ce n’est pas le cas pour l’éolienne en bois. Le prix pourrait donc devenir de plus en plus intéressant.
Et après ?
Il nous faut retravailler sur les points sur lesquels nous avons perdu du temps et optimiser certains éléments, mais nous sommes convaincus que l’éolienne en bois a de l’avenir et nous souhaitons continuer dans cette direction. Tout d’abord grâce à son impact environnemental très réduit comme évoqué plus haut, et parce que les prix de l’acier ne vont cesser d’augmenter.
Dans tous les cas, InnoVent ne regrette nullement l’aventure bien qu’elle ait connu des débuts difficiles, et comme l’explique François Broux, directeur production et travaux neufs d’InnoVent à l’origine de l’innovation, « cette innovation a servi à prouver aux constructeurs qu’il y a des solutions alternatives, qu’on n’est pas obligés de se cantonner à ce qu’on a toujours fait. D’autres choses sont possibles. ». Si InnoVent a réussi à faire un peu bouger les lignes et à encourager d’autres développeurs à prendre cette direction, elle a tout gagné.
Brillante idée, le point déterminant me semblant être la forte réduction de la quantité de béton nécessaire à la base de l’éolienne… mais la hausse à venir du prix de l’acier n’est pas un mauvais argument non plus ! Des initiatives de ce genre sont essentielles, car la crise climatique est déjà là…
RD
Bonjour, je serai intéressant de mettre un chargeur pour voiture électrique en dépannage comme un autre et très voyant👌🏻
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Projet très intéressant et je comprend très bien vos problématiques de temps de levage pour les éléments bois. Si d’autres projets similaires en bois LC sont envisagés, n’hésitez pas à me recontacter (pour la conception, fabrication et/ou levage).
RM
Cher Robin,
oui, votre proposition nous intéresse car nous aurons d’autres projets et devons absolument réduire les temps de montage si nous voulons devenir un choix économique envisageable au lieu de ne rester qu’une performance artistique.