Le recyclage des éoliennes est une question qui revient souvent. Faisons le point avec le parc de Le Portel :

Le parc de Le Portel

Le site de Le Portel est l’un des premiers parcs d’InnoVent, installé en 2001. Depuis 21 ans, ces quatres éoliennes de 750 kW sont installées le long de la digue Carnot, un très bon site, très venté. Mais aujourd’hui, l’air salin et les embruns ont usé les machines, de plus en plus difficiles à entretenir en raison de l’obsolescence de certaines pièces. Le site est donc sous-exploité, car la disponibilité des machines n’est pas optimale.

Toutes ces raisons nous ont poussés à faire une demande de renouvellement, ou repowering, en 2019 et obtenue en août 2022. Les machines seront donc démontées pour fin août 2023 au plus tard et remplacées par une seule machine, d’une puissance de 3,8 MW. Elle sera par ailleurs positionnée sur le quai de l’Europe, en retrait de 700 m par rapport aux éoliennes existantes, et donc bien mieux protégées de la mer.

Mais que deviendront les éoliennes démontées ? Seront-elles recyclées ?

Point sur le recyclage des éoliennes

Contrairement à une idée reçue, les éoliennes sont majoritairement recyclables (plus de 90 %) et la filière ne cesse de s’améliorer dans ce domaine. Siemens Gamesa a par exemple lancé l’année dernière la première pale recyclable au monde et annonce vouloir produire uniquement des pales 100 % recyclables d’ici 2040. Une avancée majeure dans le domaine ! On peut également citer le projet ZEBRA.

Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), les éoliennes ont une durée de vie estimée entre 20 et 25 ans. Cette durée varie d’un parc éolien à un autre, car elle dépend du lieu d’implantation, des conditions météorologiques et d’autres facteurs susceptibles de réduire ou allonger cette durée de vie. Lorsqu’elles s’usent et que les matériaux se dégradent, elles deviennent moins efficace et plus coûteuses en maintenance.

Comme l’indique la FEE, le traitement et le recyclage des éoliennes est prévu par la directive-cadre sur les déchets de 2008, transposée par la loi sur l’économie circulaire, dans le Code de l’Environnement. Les matériaux sont traités selon le principe clef de la hiérarchie des déchets, qui vise l’allongement de la durée de vie des installations en place et l’optimisation des matériaux employés pour les pales.

Lorsque les éoliennes ne peuvent pas être réutilisées, la priorité va au recyclage. Les métaux (acier, cuivre, fonte, aluminium) sont entièrement recyclés, et les matériaux composites sont pris en charge par des filières spécialisées dans le cadre d’une valorisation thermique ou énergétique. Il n’est par ailleurs en aucun cas possible de mettre en décharge les pales des éoliennes dans un pays de l’UE, ni d’abandonner des éoliennes sur le territoire français.

Le saviez-vous ?

Contrairement à une idée répandue, la présence de terres rares dans les éoliennes ne concerne que 3 % des éoliennes terrestres (Source : Ademe). Il est en fait totalement possible de concevoir des éoliennes sans terres rares, qui est un choix technologique de la part du constructeur. Pour les machines concernées, un processus de récupération de réutilisation des terres rares lors du démantèlement a été mis en place. Elles sont par exemples réutilisées dans le secteur de l’industrie automobile.

Pour rappel, le problème des terres rares n’est pas, contrairement à ce que semble indiquer leur nom, leur rareté, qui sont en fait aussi courantes que des métaux comme le cuivre ou le nickel. Le problème, c’est leur extraction, qui est polluante. Les terres rares sont utilisées partout : dans nos smartphones, nos ordinateurs, les avions à réactions, les automobiles, etc.

Le recyclage des éoliennes de Le Portel en 3 points

Voici, point par point, ce que vont devenir les différents composants des quatre éoliennes de Le Portel :

Le béton

Le béton qui sert pour les fondations est réutilisable à 100 % dans le secteur de la construction.

Les parties métalliques

Mât / Nacelle / Génératrice / Hub (moyeu) / Câbles :  ces éléments sont composés de métaux et donc fortement valorisables. Ils vont être revendus à une entreprise spécialisée qui va les broyer et les trier. Les métaux (ferreux ou non ferreux) vont pouvoir être réutilisés comme matières premières dans l’industrie. Les non métaux quant à eux finiront pour l’essentiel en déchets. Dans l’ensemble, nous devrions atteindre une valorisation moyenne de 95 % de ces éléments.

Cellules haute tension / transformateurs / armoires électriques : ces éléments serviront de pièces de rechange. Ils pourront être réutilisés pour d’autres projets ou revendus.

Et les pales ?

Les pales d’éoliennes sont-elles recyclables ? La réponse est : c’est compliqué ! En effet, elles sont composées de matériaux composites, ce qui rend difficile leur recyclage. Les technologies actuelles ne permettent pas de séparer les différents composants pour les réutiliser comme matière première. Les projets comme ceux de Siemens Gamesa ou ZEBRA cités plus haut sont encourageants pour la suite. Pour Le Portel, plusieurs solutions de valorisation sont envisagées, notamment :

• La réutilisation en mobiliers urbains (banc public, jardinière, abri vélos, lampes …)
• La valorisation thermique (broyage et utilisation comme combustible en cimenterie)

Lampes extérieures

Le réemploi de l’ensemble ou d’une partie des machines pour qu’elles puissent être réinstallées sur d’autres sites est aussi envisagé.